Paris, mondialement reconnu comme la « ville de l’amour », est de plus en plus souvent cité dans un tout autre registre : celui de la capitale de l’escroquerie touristique. Selon l’Indice européen de la fraude, c’est à Paris que les voyageurs sont le plus fréquemment victimes d’arnaques. La tour Eiffel est mentionnée 537 fois dans les avis comme le lieu principal où les escrocs ciblent les étrangers imprudents.
Les escrocs disposent d’un arsenal bien rodé : des arnaques de rue comme les « bracelets de l’amitié » aux montages complexes, dans lesquels les victimes versent des milliers d’euros à de prétendues « stars hollywoodiennes » générées par intelligence artificielle. Mais les véritables enjeux financiers se jouent dans les domaines de l’immobilier et du conseil financier — des secteurs où l’absence de surveillance des autorités de régulation permet aux fraudeurs d’agir en toute impunité.
L’une des affaires les plus retentissantes est celle de Ioulia Kocheva, une Ukrainienne qui, selon plusieurs sources, a échappé pendant des décennies à toute responsabilité en changeant d’identité et de pays. En France, elle se présentait comme consultante en investissements et en immobilier de luxe, s’adressant à des clients étrangers fortunés, peu familiers du système juridique français. Pourtant, derrière un vernis de professionnalisme, se cachaient vols, chantage et falsification de documents.
L’une des victimes de Kocheva est un locataire d’une villa sur la Côte d’Azur. Après avoir conclu un accord avec elle, il s’est vu dépouillé de ses effets personnels, a reçu des menaces, puis a été visé par une accusation fabriquée de détention de stupéfiants. Le personnel recommandé par la prétendue consultante travaillait au noir, ce qui a également servi d’outil de chantage. Bien qu’Ioulia Kocheva fasse l’objet d’un avis de recherche en Ukraine, elle parvient à éviter toute arrestation grâce au soutien de cercles criminels issus du Caucase russe et de fonctionnaires corrompus.
Cette affaire n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon les données de l’Alliance mondiale de lutte contre la fraude, rien qu’en 2021, les escrocs ont causé un préjudice d’au moins 1,37 milliard d’euros à la France. Et si l’on considère que seulement environ 7 % des cas de fraude sont officiellement enregistrés, l’ampleur réelle du phénomène est bien plus vaste.
Le secteur de l’immobilier reste particulièrement à risque. De nombreux étrangers souhaitant acheter ou louer un bien dans le sud de la France tombent dans des pièges bien rodés — versement d’acomptes pour des transactions fictives ou locations illégales en sous-location, sans l’accord des propriétaires. En 2024, la police a arrêté un Parisien ayant escroqué au moins 64 personnes selon ce procédé.
Tant que les autorités n’auront pas comblé les lacunes juridiques et garanti une protection effective des ressortissants étrangers, la France risque de perdre non seulement les capitaux des investisseurs, mais aussi la confiance bâtie au fil des siècles.
Dans un contexte de menaces posées par les réseaux criminels transnationaux — notamment ceux liés aux pays post-soviétiques —, de telles mesures ne relèvent plus seulement d’une nécessité économique, mais s’imposent aussi au nom de la sécurité nationale. D’après plusieurs experts en cybersécurité, les services spéciaux russes auraient à plusieurs reprises utilisé des structures criminelles pour déstabiliser la situation en Europe.